vendredi 29 mars 2013

Nanga deef,

Suite et fin donc de ma chevauchée, je suis en Guyane, et oui! Ceci sera mon dernier article avant peut-être de reprendre la route et la plume sur les chemins d’Amérique du Sud. Pour le moment, la mission est très simple, renflouer mon compte en banque!

Ma traversée de l'Atlantique s'est effectuée en avion, à mon grand regret. Mais je ne me sentais pas d'attendre à Dakar pendant des semaines encore. Sachant que cette ville n'est pas des plus agréables à vivre, à moins peut-être de s'être greffer un masque à gaz et condamner ses conduits auditifs... J'ai donc fais le choix au bout de deux semaine d'une attente vaine et oisive de prendre un billet d'avion et de filer avant mon départ en Casamance (c'est le sud du Sénégal séparée du reste du pays par la Gambie).
Pour la petite histoire, j'ai rencontré là-bas, peu de temps avant mon départ, un couple et leur deux enfants qui s’apprêtaient à partir avec leur voilier en Guyane. Ils pouvaientt m'amener qui plus est! Oui mais.... je n'avais évidemment pas pris d'assurance annulation sur mon vol, arghhhhhhhh!

Quitter Dakar a été pour moi un grand soulagement, marre de la ville, de l'attente, du sur place.

Une correspondance en bateau existe entre Dakar et Ziguinchor, la voyage de 16H se ponctue d'une remontée splendide d'un fleuve bordée d'ïle et de mangroves et du salut spectaculaire des dauphins, pas dégueu... Sur le bateau je retrouve une cycliste, déjà entraperçue au cercle de voile de Dakar. Elle vient de France, et à peu de chose près, à réaliser le même parcours que moi. Je passerai  le reste de mon séjour avec elle, sa soeur et son ami qui nous rejoigne après avoir rallier la Casamance en vélo par la Gambie (ils viennent également de France en vélo en ayant effectué un très léger détour par la Turquie!).
Autant dire que pédaler en groupe me fait extrêmement plaisir. Et la région s'avère paradisiaque. La nature est généreuse, les gens sont d'ailleurs autosuffisant au niveau alimentaire et ce dans un rayons d'un kilomètre autour des maisons (pourtant les ONG s'y pressent, le lieu étant suffisamment glamour pour y pratiquer confortablement le don de soi...). Tout la bas pousse à profusion, y compris le vin (le bounouk) qui est récolté sur les palmiers! Oui, oui, récolté à 10 mètres de hauteur et immédiatement prèt à être dégusté...

L'ambiance tranche avec le reste du Sénégal, peu de sollicitations, une hospitalité à la hauteur de la Teranga Sénégalaise. Et comble de la joie, allégresse absolue, la région est remplie de rivières et des poissons qui vont avec! Olivier qui nous accueille pendant 5 jours est férue de pêche et m'initie à l'art de ne pas rentrer bredouille. Bredouille dont je m'étais jusqu'alors fait une spécialité...
chez Olivier, côté mangrove

Olivier et Guillaume après la longue danse des funérailles

Funérailles du chef de village d'Edyoungou, très très impressionnant, d'autant plus lorsqu'on y participe.
L'ensemble ou presque des danseurs se préparent en picolant consciencieusement du vin de palme depuis des heures... 2H de danse et une certaine célébrité acquise en Casamance, car les gens affluent de toutes la région pour la cérémonie.

Pirogue, mangrove, pêche, amis, on frôle la perfection

Chez Olivier côté cour


Notez la boue dont je suis enduit, qui participe à ma sensation de bien-être...

retour/course contre la montre au coucher du soleil

campement carte postale

no comment
Mon vélo à suivi outre atlantique, promesse d'une nouvelle balade en Amérique du Sud...
A la prochaine

 

lundi 25 février 2013

Nanga deef





Quelques jours se sont écoulés depuis mes dernières nouvelles... Le temps d'un bond jusqu'au Sénégal!
Dakhla que j'ai quitté avec difficulté, rencontre d’Ahmed oblige. Sarahoui, il est un derniers à vivre sous tente. J'y resterai trois jours, rejoins par David qui voyage depuis quelques mois au Maroc. Le lieu invite à la contemplation et au repos. Toute la philosophie de vie d’Ahmed, ancien cuisinier sur les navire usine qui s'est retiré dans sa crique. Nous enchainons les parties d'échecs, entre chicha, thé (une liqueur devrais-je dire tellement son breuvage est sucré), bonne bouffe et discussions illuminées par la syntaxe et la prononciation improbable d’Ahmed.
Je repars vers le désert ensuite pour les 300 km qui me sépare de la frontière mauritanienne. La chaleur monte autant que le taux d'humidité diminue, c'est la gorge sèche que je termine le Maroc. D'autant plus qu'il me faut me taper 200 km sans ravitaillement possible. Et ça je le savais pas! On m'avait parlé de stations essences mais elles sont toutes fermées. C'est un détour par un village de pêcheur qui me permet de continuer en vélo. Prénommé Chika (par ironie, c'est pas possible, que des mecs!), les pêcheurs l'appellent Guantánamo. Un entrelacs de petites cahutes de toiles, cartons, bois et parpaings dans laquelle ils passent 8 mois de suite. J'y resterai une aprèm avec quelques jeunes qui m'y racontent leur vie, espoir et frustration.

Arrivé à la frontière je me décide à passer le no man's land en vélo. Une zone de quelques kilomètres de large, minée sensément que la Mauritanie et le Maroc ont érigé pour empêcher le passage des touaregs. Une zone de non droit, sans goudron où le trafic de voiture fleurie. Ce qui donne à ce passage un petit côté Beyrouth, voitures calcinées, désossées sont légions. 
La douane Mauritanienne est pas spécialement consistante en terme d'infrastructure... Mais s'avère être une imposante machine à bakchich. Les douaniers encaissent des billets en toute indifférence, le pouvoir qu'ils ont c'est de te garder le temps qu'ils veulent. Ils en profitent. Échaudé par mes derniers km de désert je décide de faire du stop jusqu'à Nouakchott. Je trouve en moins d'une minute. Mais au royaume de l'arbitraire le départ est une échéance relative... J'attendrai plus de 30 heures qu'il daignent nous laisser passer. Le conducteur, Oland, un allemand, reste imperturbable sans doute vacciné par 40 ans à descendre des camions en Afrique. Cette fois ci il descend un vieux bus, dans lequel un photographe lituanien à déjà pris place. L'attente est longue mais partagé avec une centaine de camions. Partie d'échecs avec le lituanien et déambulation dans cette zone, aux allures de décharges balayées par des vents poussiéreux, pour passer le temps et apprendre les bases du bizness de voitures vers l'Afrique!
Le départ enfin, sous escorte s'il vous plait, payante et imposée ça va de soi! Ils aura fallu faire croire au chefs des douaniers  (un sinistre connard en costard, qui se la joue parrain) que Oland a des problèmes cardiaques et qu'il n'a bientôt plus de traitement.
 
Les points de contrôles sont nombreux, des flics la kalachnikov parfois en évidence, nous vérifient un nombre de fois incalculables les passeports. Des questions parfois, profession? Oland répond mécanicien gynécologique ce que le flic retranscrit imperturbable sur son carnet. C’est gras et con comme humour, j'adore!

Nouakchott, 3H du mat, j'arrive pas à me motiver pour sortir et me trouver un coin ou dormir. Je reste dans les bus. Je traverse le pays en une journée pour arrivée à Rosso. Le paysage a complètement changé, les arbres ont pris au fur et à mesure possession des dunes, la couleur du sable tend vers le rouge. 

Rosso, premier point d'exclamation dans le regard, les femmes ont repris possession de l'espace public, le voile tombe, les voix féminines retentissent.
Les gens m'enjoignent de prendre le bac pour rallier le Sénégal. Je me méfie des commentaires sur l'état et la dangerosité de la piste jusqu'à Diama, le commerce ici c'est la frontière, tout est bon pour t'y faire passer et tranquillement racketter. Têtu maintenant, je prend la piste, évidemment tout était faux... le paysage traversé est magique, la piste praticable, la faune et la flore abondante de diversité (mangrove, lacs, phacochères, pélicans, échassiers en pagaille).

Frontière Mauritanie/Sénégal, je commence à apprécier le jeu. Le but de l'interlocuteur, te soutirer des tunes en invoquant une pseudo raison administrative, mes parades, le vélo (même si un flic n'hésite pas à me demander de l'argent pour l'enregistrement de mon véhicule!) et la patience... la technique est payante, économique devrais je dire.

J'arrive à Saint Louis le lendemain. Aux premiers jours  intenses de découvertes, de rencontres succèdent une phase de stagnation totale. Je découvre les joies de la tourista...




Je serais obligé de réveiller le réceptionniste avec ma canne à pêche... A peine surpris il me renseigne comme si de rien n'était. Un flegme que je qualifierai de "so british"!

A peine remis de mes tracasseries gastro-fécales je repars vers Dakar. Le premier jours est dur. L'effet combiné de la maladie et du traitement antipalu me provoque des vertiges. Mais la grosse suée est salutaire, j'enfile plus de 100km le lendemain. 

Petite parenthèse exaspérée:  "tubab cadeau"

C'est l'expression que j'entends ici le plus. Irritant, difficilement dépassable, transgénérationnel bien que les mômes soient les plus enclins à le sortir, sa périodicité m'épuise. Je me sens nullement supérieur quand je l'entends, je le dis car je soupçonne beaucoup d'occidentaux de l'être. Je tente parfois la discussion, pour en comprendre les origines, l'humour pour ne pas m'énerver, l'explication pour me faire croire au vertu de la parole. Car c'est pas évident de se voir réduit à une couleur, à un portefeuille, de voir entériner une domination, celle de la charité occidentale.
Je m'interroge surtout. Parce que l'expression et les symboles qu'elle véhicule ont des fondements. J'en discerne plusieurs.
Une éducation du quotidien d'abord, des occidentaux donnent effectivement des stylos, bonbons, piécettes. Un jeu pour les enfants de les récupérer, plus qu'une nécessité, mais qui fige des positions, je mendie donc je m'écrase toi grand seigneur tu distribues...
Le rôle des ONG et autres organes étatiques d'aide au développement... Une belle farce à mon sens ou l'art de rien remettre en cause en se donnant bonne conscience. Je ne vilipende pas les personnes qui y participe (quoique certains...), c'est autre chose qui m'agace. Je déverse c'est partis... les concours publicitaires des ONG, une action, un panneau, j'en dénombre 5 dans un village. Désintéressées les actions, mais pourquoi alors ce souci constant de mettre en avant son action, une façon de marteler "rappelez vous comme nous sommes bons".
Les véhicules des intervenants de l'aide au développement, c'est un peu jamais sans mon 4/4 flambant neuf. Dans un pays ou le déplacement auto est un luxe, nul indécence à exhiber des véhicules hors de prix. Le salaire que je sais très élevé des travailleurs de l'humanitaire ( un salaire expatrié c'est confortable), les sièges toujours bien en vue des organisations. Alors moi la question que je me pose c'est quelle part du budget est directement attribuée à l'action? C'est pourtant ce que retienne les gens qui reçoivent les subsides, des occidentaux arborant tous les signes de richesses venu leur apporter leur lumières et des piécettes...
J'arrête ici, mais il y aurait tellement à dire sur le sujet.

J'ai donc repris la route vers Dakar, sillonnant entre baobab, manguiers, fromagers et tant d'autres. Je passe mon temps à regarder les arbres pour y entrevoir leurs habitants, du pur bonheur ces quelques kilomètres.
Dakar c'est bruyant, pollué, encombré,mes premières impressions sont mitigées. A cela s'ajoute la sensation de terminer mon parcours africain. Parce que le défi du moment c'est de trouver un voilier pour traverser l'atlantique. Je me suis donc installé au cercle de voile de Dakar dans l'attente d'un bateau et d'un skipper qui accepterai de me prendre, pas impossible mais pas évident...

Quelques photos d'une qualité incertaine. La cause, le vol de mon appareil photo... Un don plus qu'un vol tellement j'ai été étourdi... Je dois donc utiliser ma tablette et n'ose pas la sortir fréquemment, la gène d'exposer le joujoux dans un pays ou certains galère pour bouffer. 
tente d'Ahmed

Ahmed et David

Les pêcheurs de Guantánamo!

Tente d'Ahmed, la vue sur mer qui demande un petit effort d'imagination...

Dans l'attente je me balade, glande beaucoup... Je ne sais pas attendre, je  ne suis pas doué pour ce genre d'exercice. Je me laisse encore deux semaines pour trouver un bateau avant d'envisager autrement les choses, soit je reprends le vélo et m'enfonce en Afrique noire, soit je prends un avion pour me téléporter en Guyane, soit je fais les deux....
Ba bennen

dimanche 27 janvier 2013

autant en emporte le vent





Il pleut. Abrité sous ma tente j'entends les gouttes cingler la toile. Surprenant dans cette nature sèche et inhospitalière. Fatigué je passe une soirée que j'affectionne à présent, des petits rituels ont envahie mes pauses nocturne, lecture, écriture et écoute attentive des émissions de <là bas s'y suis>. Je me sens bien, à l'abri dans ma fragile et précaire habitation (malgré ce que me disent toutes les personnes, attentionnées, qui m'enjoignent de dormir près des habitations, des postes de police). Je préfère mon isolement, les dunes, le son rare et lointain des voitures. Je ne pensais pas un jour me satisfaire à ce point de cette solitude. Le décor est somme toute monotone à présent. Je descends une ligne de bitume, les falaises à ma droite, les étendues arides à ma gauche. J'en vient à attendre avec impatience les dénivelés, les virages. Mais ils sont rares, une platitude désespérante pour citer Tony. Je ne suis pas sûre d'être taillé pour autant de monotonie, à présent je ne rencontrerais des bleds que tout les 100 km, hum...
Je ne cherche pas pour l'instant de convoyeur, je me dis que ça viendra tout seul...
 
Je ne suis pourtant pas en manque de contact humain, espacés peut-être, mais à chaque pause son ambiance, exemple sur une journée. 
Brève discussion dès le matin, quelques marocains s'amuse de mon voyage et me demandent pourquoi, heu... c'est que... enfin bon... ben... je sais pas trop en fait mais j'en profite! A peine 2 km effectués, un camping car s'arrête devant moi, le conducteur me félicite. La discussion s'oriente vers l'histoire du Maroc, intéressant, mais je sens le prosélyte de droite. Bingo, il finit par me conseiller la lecture du figaro, les autres journaux, des suppôt éhontés de la gauche bien pensante. Ah bon! À ce petit jeu je lui propose la lecture du monde diplomatique, grand sourire. Ben ouais on sera pas d'accord, jamais je crois!
Arrivé près de l'embouchure d'un oued je me mèle aux campings-cars stationnés sur les falaises. Je me fais un traditionnel sandwich. C'est la fête à coté, je vais voir, en deux secondes j'ai un verre de rouge dans les mains et une assiette de couscous. Convivial c'est rien de le dire, tous retraités et rencontrés il y a peu, ils me prennent en main. Je ne repartirai pas tant que je n'ai pas pris quelques kilos. Bien le bonjour à vous, continuez à profiter ainsi.
Je repars un peu dopé (pinard/calva), je chante (mais alors faux!) et m'arrache jusqu'à la ville de Sidi Achkennir, à peine ralenti par un flic qui me demande de respecter les limitations de vitesse (véridicte, il se foutait gentillement de ma gueule, d'autant que j'exhalais quelques vapeurs d'alcool).
Dernière rencontre de la journée, des ouvriers sur le bord de la route me font signe de les rejoindre. Une dizaine, ils attendent la voiture qui les raménera à la ville. Ils me font asseoire, m'apportent thé et fruits. Mouloud, né en France (refoulé ensuite et qui à tenté déja trois fois le passage en zodiac, il recommencera jusqu'au bout...) traduit pour les autres qui posent questions sur questions. Vient celle fatidique, t'es chrétien? Non juste sûr de rien, bref walou! Incompréhension dans les regards, les yeux s'ouvrent en grand c'est pas mais pas du tout envisageable! Le débat s'engage, passionnant, Mouloud continue à traduire nos débits mitraillettes et nos visions ēloignées. L'un d'eux ,le barbu comme il l'appelle amicalement, ne lâche rien, mais écoute aussi. Je reste une brebis égarée je le sais, on est loin l'un de l'autre, mais naivement peut-être, je discerne le plaisir que l'on a à se parler.

J'aurais donc moi aussi, au moins une fois dans ma vie, ma traversé du désert! Bien encadré par la police et la gedarmerie, je suis controlé tout les 100km, au barage qui jalonnent l'unique route. J'oscille entre deux sentiments vis ã vis de ces controles. Le premier, l'exaspération devant cette débauche de surveillance policière, l'impression d'être en primaire avec les mêmes recommendations répétées cent fois. Du coup le môme je le fais un peu en changeant mais réponses, en ne dormant pas ou il le souhaite (dans ce cas ils lancent les recherches dans la nuit!).
Et le deuxième sentiment, ben finalement c'est l'attente de ces contrôles! Le désert c'est vaste, monotone et la présence humaine est limitée... Donc quand je viens de me fader de la borne a me vider la tête et m'hypertrophier le mollet (c'est mécanique, le fameux principe des vases communicants), je suis content de faire une pause avec les pandores. D'autant plus qu'ils sont souvent bavard et déconneurs, qu'ils m'offrent généralement le thé. L'un d'eux m'offre même ses lunettes de soleil! Et leur prévenance je dois bien l'avouer semble sincère, même si démesurée au regard de ce que je risque.
 
Je profites de vent porteur pour descendre rapidement vers le sud, mes étapes oscillent entre 150 et 200 km. Le vélo me menace de grève une première fois, la selle n'étant plus fixé. Je mate tant bien que mal la rébellion mais doit m'avouer vaincu lorsque mes rayons lâchent les uns aprës les autres. C'est pas plus mal ça me donne une très bonne excuse pour finir en stop. Enfin en stop.... C'est contràint et forcé par les flics, qui m'ont retrouvé, que les camioneurs m'amènent jusqu'à Dalkha. Mon vélo sera réparé avec une vitesse stupéfiante. Je passe 3H dans l'atelier à boire le thé, discuter avec les clients, les voisins. J'essaye de transposer la scène en France, et me dit que ces lieux de convivialités sont bien plus rares, ici beaucoup de commerce fonctionnent sur le mode salon de thé, qui me va très bien.
 
Depuis deux jours je suis donc à Dallkha, j'essaye timidement de prendre des poissons, c'est un échec. Il me reste une semaine avant de pouvoir passer en Mauritanie, je vais donc faire tranquillement les 400km qui me séparent de la frontière.
Tciao
Force et honneur!

dimanche 20 janvier 2013

Petite déveine, tout avait si bien commencé... 
Petite plage, face aux rouleaux, discussion pêche avec un marocain lors de la soirée (Il vient de prendre un thon de 3 kilos, le petit salaud!). Juste les étoiles, le bruit de la mer, mais le vent se lève, violent. Une nuit passée à replanter ma tente, je lutte un peu mais je parviens à limiter l'effet parachute. A la fraîche un couple de français, vient m'apporter une tasse de café. J'ouvre la tente, encore dans mon sac de couchage, face à l'océan, je déguste, souriant, béat. Il me faut bien 5 minutes pour m'apercevoir qu'une sacoche a disparue. Volée durant le peu d'heures ou j'ai dormi. Fais chier la bite!

Je rumine un peu, vais informer l'ensemble de la ville de Mirleft du délit, que dis-je du crime! Sur le souk, j'échange un moulinet, j'en avais deux (je reviens pas tant que j'ai pas pris un poisson!), contre une sacoche hors d'âge. Je retrouve des bretons croisés trois jours avant, Marion m'offre un savon à l'huile d'argan au passage, décidément y a un truc avec ma propreté!

Je découvre le soir même une plage à 10 km de la ville, Sidi el wafi, du nom d'un célèbre inconnu venu y mourir. Quelques camions, un puit, la mer, j'y resterais deux jours. Avec les quelques allemands, trois parapentiste dans leur nevada, des pêcheurs marocains et les « néohippies » Jean, Aurélie et  Sinto venu s’y poser pendant l'hiver, difficile de repartir...
Sidi Ifni ensuite pour le ravitaillement, je file rapidos vers une plage à 15km. A l'entrée de la piste, un panneau indique campement interdit. Ah bon, c'est presque sans surprise que je débouche sur un campement d'une dizaine de camions. Espagnols, français, italiens, allemands et pêcheurs marocains se mêlent pour un bout de soirée face au feu à écouter des musiciens pas dégueu.

Mais force est de constater que mes provisions pour les 200 km de piste et de désert sont insuffisantes. Demi tour, le lendemain, pour faire du stock a sidi ifni. J'y traînasse un peu, bonne bouffe avec un français, discussion autour d'un thé avec un allemand, poète à ses heures perdues (ou gagnée) et proposition par un pêcheur marocain que je croise depuis quelques jours de m'accompagner jusqu'à Daklha avec sa mobylette (construite à partir d'au moins dix modèles différents, un chef d'oeuvre pétaradant). Finalement je repars seul, Omar doit effectuer des réparations sur son hybride qui lui prendront quelques jours, ici ça peut signifier un mois! 


40 km de goudron, déjà plus de voiture, la piste démarre passé un oued ou je peux même me baigner. C'est méchamment sportif comme parcours, la piste me chahute, les cotes ne sont passé qu'en poussant. J'ai l'impression de m'enfoncer dans une contrée non pas hostile mais presque vierge, le spectacle est grandiose.


Dès le matin le soleil tape fort, piste pour commencer. Deux pause avec des pêcheurs et autant de thé l'un deux me file même de la goutte pour me réchauffer (ça tombe bien je suis déjà en sueur). Je me vautre, rien de grave et beaucoup de bol sur ce coup. Je commence à prendre confiance dans les descentes, un peut trop peut-être...


Le décor traversé me fais pousser à intervalle régulier un « putain c'est taré », pas très poétique mais qui à le mérite de retranscrire à merveille mes impressions.

Puis 40 km de plage, le désert d'un coté la mer de l'autre et parfois, unique présence humaine, une cabane de pêcheurs. Arrivé a un oued asséché, je bute sur une falaise que je dois monter à quatre reprises pour ramener tout mon matériel. En haut quelques baraque en bois, une maison en dur occupé par deux militaire (j'imagine que c'est une punition d'être affecté ici). Les trois pêcheurs m'invitent à manger, tajine de dorade, thé et kif. C'est conquérant que je repars sur la piste, mon enthousiasme est vite douché par l'alternance de sable et de rochers. Je pousse sur la majeure partie du trajet. Vanné, fourbu, haché, dévoré, détruit, c'est a peu de chose près mon état quand je me m'arrête à la nuit tombée. J'installe ma tente pendant qu'au loin un troupeau de dromadaire plonge dans le désert. La vision est cinématographique, la lumière est rose, les dunes naissent sur une étendue sans fin, et au milieu la silhouette des dromadaires se détache sur le sable, classieux n'est ce pas?


La journée ne m'a pas épargnée. La piste interminable où je pousse et porte mon vélo plus que je ne roule. Quelques dromadaires et des tentes, au loin, viennent rompre la monotonie des premiers kilomètres. Alternance du temps en revanche, dont la seule constante est le fort vent de face. Ma route façon « into the wild », commence à me fatiguer. Déjà convaincu à la différence du héros du film que le bonheur c'est les autres, j'ajouterai que dans le désert le bonheur c'est le dromadaire, pas le vélo! 

J'arrive enfin près de Tan-Tan, je n’ai pas le courage de traverser la ville. Je m'arrête quelques kilomètres avant, plantage de tentes, écritures de ces quelques lignes, pain rassis/thon pour fêter ça, and go to bed...


Campement "interdit"

no comment!!!

La piste est encore belle, je serpente dans les vallées, mais ce n'est que le début...

pêche au filet, travail de forçat
Histoire de montrer ma gueule et prouver que je suis bien portant!

Photo prise par Mustapha, au sommet de la falaise. Derrière, la mer de sable que j'ai longé sur 40 KM.

Mustapha et Abdallah qui m'ont offert le couvert, à un moment ou j'en avait bien besoin. Les gars  vivent dans ces baraques pendant 1 mois avant de revenir chez eux, des marins du désert.

des os de baleine sur la baraque d'Abdallah


mes potes les dromadaires, qui sont un peu les seules présences sur  des kilomètres de sables.




J'étais un peu énervé par la colère, ça va mieux depuis je vous rassure. Maina n'écoute pas la vidéo, j'y suis un tantinet vulgaire. Fallait que je décharge!!!

C'est pas dans l'ordre, un jours j'y arriverai. Les montagnes avant Mirleft. 


Sidi El Wafi je la trouve par le plus grand des hasards. La crique heureuse, Sinto me dira qu'elle n'est connu que par les gens qui doivent la connaitre, je l'ai pris comme un compliment...

Toujours la crique, le matin de mon départ, les femmes du village voisin  y viennent  toutes de blanc vêtu, pour un pique nique, splendide.



un petit coucher de soleil, classique mais plaisant

Ma nouvelle sacoche, elle envoie du pâté!

Je suis à El Ouatia, y'a des gens je peux parler, c'est le pied. Je m'accorde une journée de pause...
Tciao et vive le bitume!!!



dimanche 13 janvier 2013


Bonjour bonjour,

Qu'ai je donc fait depuis les dernières news. Ben du vélo, on s'en serait douté. Et un petit peu de bus, j'ai triché et oui... La mer toujours qui m'appelait, et objectivement un bon coup de flemingite. L'expérience bus entre Marrakech et Essaouira valait la peine cei dit. Le bus est direct d'après ce que j'ai compris. En réalité il s'arrête au gré des personnes attendant au bord de la route. Le chauffeur et le vendeur de billets les scrutent au loin. Le bus ralentis à leur hauteur mais ne s'arrête pas, les grand mères, enfants, bagages sont littéralement attrapés au passage, de la haute voltige! Idem pour les descentes, du saut en parachute. 

Marrakech, l'occasion de retrouver Mathilde et Abdé pour des visites gastronomiques de la ville. J'emmagasine des réserves pour la semaine à venir! J'en avais un peu peur de Marrakech, aussi appelée Arnakech, objectivement la ville est très belle la campagne alentour l'est visiblement tout autant, une prochaine fois peut-être, Inchallah! Au rayon petite mésaventure,l'accrochage avec un âne! Et oui la brave bête s'est littéralement écrasé contre mon vélo, à la vitesse hallucinante de 10 km/H!

Depuis Essaouira je longe la côte, grandissime et... montagneux. J'en chie mais les panoramas me le rende bien. Les camping car sont en vedette dans le coin. De fait c'est franco-français mes rencontres. 

Le plus dur ici, ne pas m'arrêter tous les kilomètres pour passer la journée. Je résiste pas trop mal pour le moment, je sens que ça va pas durer et que je vais bientôt m'octroyer une pause de quelques jours à buller sur la plage.

Hier, la journée a été longue. Je passe Agadir rapidos (la Grande-Motte en plus chicos, à vomir donc), le vent de face m'a laminé. Or pas moyen de m'arrêter pour cause de  culture intensive de maisons sur les bords de la nationale que j'emprunte. 50 km plus loin, toujours pas de solution, le soleil se couche, je me paye une fringale,fais chier la bite! (excuse Maina pour la succession de gros mots, je recommencerai plus) Je discerne finalement un spot pas trop dégueu derrière un garage. Le mec à qui je demande si je peux m'y poser est pas très chaud, trop dangeureux selon lui. Ce qui devait arriver arriva, c'est chez lui que je passerai la nuit! le jardin qu'il entretient, par plaisir me dit il, doit faire concurrence au jardin d'eden, alignement pléthorique de fruitiers en tout genre, potager taillé au cordeau, petit bassin ombragé. Le genre d'endroit implacable pour guérir d'une forte constipation. Merci Abdallah. 






Place Jama el Fna,  grande, agitée, en perpétuel mouvement. Accessoirement le lieu de toute les arnaques!

Sidi Kaouki, j'y reste une journée. Petit village pas (encore?) dévasté par le béton.  Contemplation abusive de l'endroit m'occupera de longues heures.

Abdé et Mathilde lors d'une de nos nombreuses pauses....

C'est clair?





Mimi, c'est pour toi, exotique comme bestiole. Ils commencent dans les campagnes à concurrencer les ânes, c'est dire.


Fin de journée, une descente de quelques kilomètres m'attend, dans ces moments je vole!


Je coupe court à tes commentaires Erwan. Oui je ne l'ai pas surfé,  et oui bien sùr c'est inadmissible.  Je compte me rattraper dans les jours à venir.


Le jardin d'Abdallah


L'énigme du jours, ce n'est ni un citron, ni une orange, ni une clémentine. C'est le fruit du diabétique selon Abdallah.  Mais son nom lui est inconnu.


Petit dèj marocain,  il te cale pour la journée; ou presque. 

Voili voilou, me reste 50 km à faire avant Mirleft.
Tciao
Force et honneur!