samedi 15 novembre 2014

Heu... Je reviens


De retour... Je n'aurais même pas l'occasion de  ramener le virus ébola, ni même de me payer ne serait-ce qu'une minuscule intoxication alimentaire. Je vous imagine déçu, ça manque de panache. Mais l'opportunité qui s'offre à moi était bien trop alléchante pour que je ne la saisisse. Je reviens pour repartir, en décembre, travailler en Andalousie. 

En ce qui concerne ce périple, je reste frustré de ne pas avoir entamé les choses "sérieuses", le stop jusqu'au Sénégal, la découverte de nouveaux pays. Mais ces deux mois passés sur mon vélo m'ont fais du bien. J'en redemande... mais dans trois ans minimum.

A bientôt

Et surtout morses et horreur!



Ce qui devrait devenir selon toute vraisemblance ma future vue de la maison en Andalousie. Je crois que j'ai été suffisamment accueilli depuis quelques années. Je deviens hôte! à bon entendeur...

Le Cap Spartel à l'ouest de Tanger, au loin on voit Cadix. Là où le p'tit frangin devrait arriver dans quelques mois après avoir traversé la France puis l'Espagne... en monocycle! http://cruditeproject.canalblog.com/

Ce jour là j'ai croisé deux scorpions, le premier assez débonnaire (le voici). Le second légèrement plus inquiétant car squattant dans l'auvent de ma tente.

Petit village dans le Rif Marocain

Le mariage du prince qui a donné lieu pendant quelques jours à un gigantesque concours de lèche dans les médias marocains. 

Le point final de cette parenthèse, Rabat (tu par les vents et la houle... un dernier pouf pouf)




mercredi 12 novembre 2014

Pédaler en rond



Je ne peux m'empêcher en arrivant à Tanger de me remémorer mon arrivée à Melilla il y a deux ans http://www.geocyclab.fr/carnet-de-bord/jour-75-melilla/. Pour la première fois je mettais les roues sur le continent africain, dans une enclave espagnole. Cette contiguïté incongrue des deux continents avait sans doute accentuer ma sensation de passer un sas brutal, représentatif des rêves altérés du sud se heurtant à la riche citadelle européenne. J'en garde l'image (entre autre) de ce mur de fer que nous avions longé sur des kilomètres pour enfin trouver la porte de sortie. Une sorte de baffe géopolitique, les triples rangée de grillages, puis cette impression d'être happé par le flux humain dans cet étroit corridor économique. Luxuriance en carton pâte d'un coté, effervescence de la débrouille de l'autre.

Cette fois-ci le court trajet en bateau de Tarifa fais son office. Sur le quai c'est déjà le Maroc, calme... Les formalités de douanes et de polices sont quasi inexistante. J'en suis tellement surpris que je vais jusqu'à faire demi tour et demander à un douanier si je peux vraiment passer!

Par contre j'ai toute la journée de quoi m'amuser avec des différences avec l'Espagne, parfois anodines, mais qui capte forcément l'attention.  Par exemple, lorsque je peux m'accrocher à un camion ou un tracteur pour passer des bosses, j'ai du mal à résister à l'appel de ce remonte pente improvisé. Je ne l'ai tenté qu'une fois au Portugal. Ce qui m'a valu klaxons et invectives des voitures suiveuses. A Tanger, personne ne moufte, et en prime le conducteur de l'engin engage une conversation par rétroviseur interposé et gratifie ma téméraire initiative d'un pouce levé et de sourires.
Je m'attarde aussi sur l'agencement des villes. En Europe, l'hypercentre est généralement l'apanage de la classe aisée. Au Maroc c'est l 'inverse, le centre est étroit,chahuté, populaire. Plus l'on s'éloigne plus les maisons se font cossues,les propriétés verdoyantes et vastes. Tanger étant situé dans une baie, l'élévation sociale de ses habitants est urbanistiquement visible,et criante. C'est d'ailleurs une des caractéristiques du Maroc, la visibilité extrême des différences de revenus. Traduite en ces termes par un vieux monsieur rencontrés au bord de la route "ici les dirigeants mangent beaucoup..."

Une autre anecdote, qui résume certaines absurdités de la société marocaine. Une route de montagne serpentant dans le Rif, constellée de nid de poule, il me faut parfois débusquer le bitume pour m'y frayer un chemin. Je me la cogne  (le verbe prend ici tout son sens au propre comme au figuré) sur 30 km. Quand au milieu des lacets m'apparait un panneau, attention louable quoique risible, le pictogramme met en garde l'usager contre la présence de... dos d'âne!

Depuis mon arrivée,j'en bave. J'en dégouline plutôt! Les cieux sont contre moi, nuits et jours se mèlent en d'épaisses et spongieuses précipitations. Heureusement, les sourires et encouragements parsèment ma route. Un tracé d'ailleurs fort sinueux, entre Tanger et Rabat, dans l'attente d'une réponse qui déterminera la suite du voyage. Je pédale en rond (dans l'eau!).




jeudi 6 novembre 2014

Quelques photos de l'Espugal


Hola,

Je viens de passer le détroit de Gibraltar. Me voila au Maroc... Depuis deux heures! Drôle de choix que celui de se terrer dans un Cyber. Mais je me suis dis que mon blog n'était pas franchement fournis depuis mon départ. Alors je commence par ça, les Cyber n'existant pas en Europe, il est bien plus facile ici de trouver un ordi et un clavier. C'est également pour annoncer que ma tablette m'a lâché. Je suis un peu en rogne. En même temps cela va me permettre de rentrer dans une nouvelle/ancienne ère, celle ou les moyens de communication ne sont ni simples ni instantanés.

Je vais continuer à me dédouaner de mon absence de nouvelles, mais croyez le si vous le voulez, j'avais écrit quelques articles sur ma tablette, durant ce mois et demi de voyage.  Je n'ai pas réussi à les poster (pas pris le temps surtout). La tablette étant foutu, le monde que dis-je l'univers aura perdu quelques magnifiques envolées lyriques. Je sais c'est dur... Je ne vous parlerais donc pas des rencontres du troisièmes type qu'il m'a été donné de faire, le char d'assaut russe, le tortionnaire de la guerre d'Algérie, les marcheuses de la cuisine, le faiseur de non aventure, le marathonien sans chaussures...

Vous échapperez également à la description méthodique de mes rituels quotidiens. Et il y en a des refuges de la monotonie dans ce type de voyage.  Qui c'est les veinards?

Mais je vais essayer de me rattraper dans les jours qui viennent. Je vais avoir du temps car je compte arriver à Rabat dans une dizaine de jours (c'est à 300 km), pour un tournant de ce voyage, soit je rentre en Bretagne pour repartir en Espagne, soit je fais du stop jusqu'à Dakar. Je sais, la première option parait étrange mais je me suis laissé guidé par ce qu'un hôte espagnol a tenté de m'enseigner durant de longues heures... la philosophie de la coïncidence.

Je vais donc m'en remettre aux photos (celles stockées sur une clé USB et non sur la tablette...). Elle ne sont évidemment pas dans un quelconque ordre chronologique:
Le pictogramme de piste cyclable le plus improbable qu'il m'ait été donné de voir. 

Lac muy chulo en Andalousie, c'était fin octobre, la nuit va bientôt m'envelopper. Comme vous pouvez le constater, j'ai chaud!



Peut-être bientôt pas si faux. 

Mon plus haut col, j'en suis fier. Tellement fier que je l'ai grimpé deux fois...


La veille de mon passage au Portugal, la rivière marquant la séparation entre les deux pays. 

Décidément je dois avoir un truc avec les frontières... Le pont qui enjambe la rivière ci-dessus. 

Surprenante découverte du Camino portugais. Dès lors qu'une ville ne possède pas d'auberge, il suffit d'aller chez les pompiers pour obtenir l'asile pour la nuit! 

United colors of Portugal

Ça sent quand même la contradiction, banque, esprit sain. Je reste dubitatif!

Nazaré

A défaut de poissons

Sans doute le squat le plus classieux de ma descente. 

Côte portuguaise

idem

Il y en d'autres.. C'était juste pour vous prouver que vous me suiviez bien comme un virus. Car si la honte est contagieuse, je contamine à chaque fois que tends cette photo devant moi. 

Un autre squat au Portugal.

jeudi 25 septembre 2014

Partir c'est aussi morfler un peu... au début


C'est reparti pour un tour, de pédale car il ne s'agira pas circonvolution, plutôt une ligne verticale à tracer vers le sud. l'Afrique du sud en point de mire, mais non comme objectif ultime. je pars donc sans visée précise , hormis celle de retrouver l'Afrique équatoriale que je n'avais fait qu'effleurer. Ensuite, ben ensuite je verrais, j'en suis encore loin mais déjà pressé d'y être. L'empressement est une de mes pathologies que le rythme du voyage va s'en doute atténuer... Partis d'Irun il y 8 jours, je serais à Santiago demain avant de poursuivre vers le Portugal.

Pour l'instant je vais trop vite sur le chemin de saint Jacques ( d'Irun à santiago), je ne fais que croiser des cohortes de pèlerins, tous les 20 km environs. Mon moyen de locomotion m'empêche de me fondre dans un groupe. je n'aurais donc pas le droit à mes séances d'introspection collectives. En même temps vu la densité d'allemand et ma maîtrise impeccable de leur langue je n'aurais que peu profité des expériences de chacun. J'ai quand même rencontré un allemand qui s'est excusé d'en être un, sur le mode "et oui je ne déroge pas à la règle de la sureprésentation".

J'ai pas mal misé sur mon matériel ancien, que je n'ai pas vérifié bien sûr! Petit tour d'horizon (crépusculaire) de mes ratés: un imperméable perméable qui fais de moi une serpillère à la première goutte de pluie, une sacoche trouée ce qui m'en bouche un coin  ( pouf pouf...), des chaussures trop courtes d'une pointure, la sacoche de guidon qui s'arrache de l'intérieur à s'en fendre l'âme Arthur (re pouf pouf). Un dérailleur qui grince, crisse, râle, suffoque, suinte, frotte... De manière forte inquiétante. Et enfin une tente dont le sol moucheté de trous, façon ciel étoilé au milieu de l'Atlantique,  me permettra d'accueillir pendant mon sommeil une quantité non négligeable d'insectes dépourvus de domicile.

j'avais aussi misé sur mon physique étincelant... raté. d'abord parce que les vaccins en rafales que je m'étais injecté ont des effets secondaires, nausées et maux de tête. Du coup, mes trois premiers jours ont été placés sous le signe de l'ascèse, économique peut-être mais peu adapté à mes efforts quotidiens. Ensuite car que la saison de football clairsemée au FC Mellac n'a pas constitué un travail de fond ( de bas fonds peut-être). Qu'enfin l'été festif a fait de moi une usine à toxine. Qu'on se rassure, mes 80 km quotidiens me retape, j'ai retrouvé l'appétit à raison de 5 pauses restauration par jour, mes cuisses ont triplé de volume (peut-être j'exagère un tout petit peu) et je dors 12h par nuit.

Au rayon rencontre amusante, celle de ce vieux monsieur à Gijón à qui je demande la route pour Avilès. Il commence par poser un pied sur le rambarde devant moi, m'interdisant toute manœuvre de fuite, me regarde droit dans les yeux et me dit " Commençons par Gijón", avant de se lancer dans une présentation historique de la ville (xixa  à l'origine car le port est une création romaine, de toute façon quand c'est pas Vauban c'est romain). Il veille à ce que je comprenne chacune de ses paroles, me répétant les infos si il le faut. Il me ramène à ses combats pour la liberté sous Franco, à son action syndicale. Puis frappé par la fatalité, il conclue par un "mais pourquoi faire? Pour se demander comment manger maintenant?". La ville se meurt selon lui, l'industrie c'est éteinte. Il l'illustre par une statistique dramatiquement cynique. Il y a maintenant plus de chiens que d'enfants à Gijón...
L'exposé terminé, il enlève son pieds de la rambarde, me libère le passage et déclare dans un sourire "en fait Avilés c'est tout droit, t'es sur la route". Muchas gracias señor!

Et ces danois venant de Londres, à ma question (stupide sur le camino), vous allez vers Santiago? L'homme me répond sans rire "non vers Barcelone, nous sommes déjà sauvé". Donc si je réfléchis bien , ce sera ma troisième arrivée à Santiago, mon âme est donc à présent aussi pure que l'eau d'un glacier. Je vais donc enfin pouvoir verser dans la débauche, ce que mon éducation judéo-chrétienne m'interdisait jusqu'à présent...

Ah si pour finir, petit exercice de diction appris d'un vieux patron de bar en Asturies, parlant français comme un basque espagnole, " c'est honteux mais tentant de tâter les tétons de tata quand tonton n'est pas la". Je l'ai fais répéter 10 fois... J'adore.

Pour le moment la route se fait belle, parsemée de quelques  sympathiques rencontres, de paysages de toute beauté, je roule, roule et roule encore. Et ça me suffit.

Hasta luego et bien sûr, force et honneur!

PS: pas de photos cette fois ci, je n'arrive pas à faire la manip sur ma tablette et pas très sur de vouloir passer des heures à me pencher sur le problème. J'en mettrais au prochain cyber que je croise.